Tribulations d'une IEPienne à NY (suite octobre 2008)
Is America a cliché!!?
Le gong a sonné... cela fait déjà un mois que je hante Manhattan; oui un mois, et la fâcheuse sensation de n'avoir encore rien vu de NY - à part les locaux de la mission française, ceux de l'ONU, les supermarchés et ma chambre -, ni même des States. Il est vrai que le fait de travailler 12h/jour et de revenir au bureau durant 1/2 journée le samedi me complique légèrement la tâche. Cela est d'autant plus frustrant que je n'ai franchement pas l'impression de me rendre utile au sein de l'organisation. En effet, j'ai plutôt tendance à assister aux réunions et prendre des notes et d'être, de ce fait, cantonée à un rôle "d'observatrice participante passive"! N'allez pas non plus croire que c'est la glande à la RP; le travail est éreintant pour certains.
Voici le résumé d'une journée typique (pour moi):
8h: arrivée, vérification boite mail, lecture rapports ou autres, classement de documents
9h: coordination européenne dans les locaux du Conseil & de la Commission de l'UE avec les 26 autres diplomates rattachés à la 5ème Commission. Il s'agit de se mettre d'accord sur les déclarations de l'UE prononcées lors des sessions pleinières de l'AG ou encore sur les élèments de langage que proposera l'UE au bureau de la 5ème Commission afin d'aboutir à l'adoption d'une résolution. Dit succintement, le but de ces réunions est de pouvoir parler d'une seule voix devant l'AG de l'ONU, en procédant par consensus.
10h: Session pleinière de la 5ème Commission à l'ONU. C'est là que sont introduits les rapports par le Secrétariat de l'ONU ainsi que d'autres comités d'experts, relatifs aux affaires administratives et budgétaires de l'ONU [rénovation des locaux de l'ONU, création de nouvelles bases de données au sein de l'ONU, suivi de travaux de bureaux de l'ONU hors siège, réforme de l'ONU etc...). Les délégués des Etats membres questionnent ainsi le Secrétariat (SG) durant les sessions informelles: crêpage de chignon et compagnie entre les pays et le SG & entre les pays eux-mêmes; de manière sommaire, le clivage pourraient se résumer à pays pauvres/pays riches (en fait c'est un peu simpliste ce que j'avance là, de nombreux paramètres entrent en ligne de jeu, les positions ne sont pas toujours si tranchées que ça et la stratégie et jeux de pouvoir sont complexes).
13h: pause déjeuner; J'en profite pour faire un saut à la salle de sport juste en bas du building (Salut les bodybuildés qui font de la gonflette que sur les avants-bras!! hihi!!) ou tout simplement pour bouquiner!!
14h: retour à la mission française; mail checking, classement de docs etc.
13h: retour à l'ONU en sessions informelles
18h: come back dans les locaux de la RP pour se préparer pour le lendemain, envoyer des télégrammes à Paris pour demande d'instructions ou information, diffuser les documents importants aux partenaires européene. Briefing avec tous les collègues de la 5ème sur la journée dans le bureau du Conseiller financier.
Généralement je sors entre 20h et 21h, superbement vaseuse, des cernes jusqu'aux genoux, le teint livide et demeurant interdite face à la pagaille urbaine ambiante!!
Je n'ai pas le temps de digérer tous les dossiers ni de lire tous les rapports; tout est traité à une vitesse fulgurante: j'ai la vague impression d'être tombée de mon cheval avec un pied toujours coincé dans l'étrier!
Tout cela pour vous dire que je n'ai pas le temps de découvrir ce que je voudrais découvrir, de voir les USA, de rencontrer des américains.
Mais d'ailleurs, qu'est-ce qu'un américain?!
Qu'est-ce que la culture américaine?! Intéressante question que m'a soumise un GI dans ue pizzeria à 2h du matin alors que je m'appretais à me jeter sur ma peperoni! Le malaise a commencé à s'emparer de moi; que vous vient-il à l'esprit si je vous pose cette question? : Mc Do, américain inculte, obésité etc etc; des stéréotypes j'aurais été tentée de dire avant d'arriver à NY et même au début de mon séjour, jusqu'à ce que ma coloc place la Pakistan en Europe [oui, il y a les USA, puis, il y a le reste du monde]. Il est évident que je ne me sentais pas de répondre ça au type bien que je pouvais percevoir en lui un regard critique sur les States. J'ai en outre, bluffé en rétorquant qu'il était difficile de parler de culture américaine, surtout à NY ville cosmopolite, étant donné le large panel de nationalités et l'existence de minorités [grosso modo, je suis tombée dans le cliché de la Tour de Babel et compagnie]. Peu convaincu par ma réponse, il m'a exposé son point de vue: ce qui unit le peuple américain pour lui, ce sont: la carte de crédit, Hollywood, les pizzas et la TV. Hélas, je dois bien dire que ce n'est pas foncièrement faux.
Moi même j'ai parfois le sentiment de vivre dans un cliché ambiant à Manhattan, qui est quand même hyper huppé [cf. Sex & the city, Gossip Girl]. En habitant dans l'Upper East Side, je ne suis donc pas souvent confrontée à des américains moyens. En revanche, lorsqu'on s'en éloigne (Staten Island notamment, à 30 minutes de ferry de Manhattan), on se trouve dans l'Amérique moyenne, peuplée par une faune paraissant bien plus démunie à de multipes niveaux.